Base-layer pour le ski : Quelle matière performante et écologique privilégier ? 

Le base-layer, aussi appelée première couche thermique, est comme son nom l’indique LA BASE pour ne pas avoir froid à la montagne (et en ville). Pourtant elle est trop souvent sous-estimée par les amateurs de ski.

Depuis une vingtaine d’années, la matière la plus utilisée pour cette sous couche technique, c’est le synthétique (polyester). Mais depuis quelques temps une “vieille matière” revient en force. Cette matière c’est la laine (et mieux vaut qu’elle soit fraîche).

Ahh la laine

On t’avoue qu’au début on était sceptique. De la laine directement sur la peau ? Ça va gratter, ça ne va pas être confortable et puis il y a des “trous” entre les mailles…

Si ça gratte même un mouton, ça va forcément me gratter !!

Bref on avait des préjugés négatifs sans vraiment connaître les produits.

Puis en discutant avec des Green Riders, on s’est rendu compte que tous ceux qui l’avaient essayé, l’avaient adopté pour ses performances techniques et thermiques.

Un produit “naturel”, et performant…On se devait de creuser…et en creusant on a découvert plein de choses intéressantes aussi bien sur les performances que sur l’impact écologique de ces base-layers.

Principe de fonctionnement d’un base-layer

Que ce soit à la montagne, en course à pieds, en vélo ou à la ville, la stratégie pour ne pas avoir froid est toujours la même, il faut adopter la technique des trois couches.

Non … juste 3 couche Joey !

Et dans les 3 couches, le base-layer, c’est la première. Celle qui est directement en contact de la peau. C’est un peu comme les fondations d’une maison. Si on n’est pas solide sur “la base”… les couches supérieures ne tiendront pas.

Pour rappel, la couche extérieure (hard shell) protège du vent et de l’eau, la couche du milieu (mid-layer) c’est l’isolation.

En ce qui concerne le base-layer, son rôle va être double.

Il doit évacuer la sueur … au plus vite !

Le plus important va être d’évacuer la transpiration le plus vite possible pour garder le corps au sec. Si la transpiration reste dans cette couche c’est … foutu. Elle va former une couche d’eau sur la peau et là c’est la crève assurée ! C’est pour cette raison précise que le coton n’est pas du tout une bonne matière pour le base-layer.

L’autre rôle du base-layer va être de réguler la température du corps. Lorsqu’on ski avec les efforts, on passe très vite du froid au chaud (ou inversement). Le base-layer doit créer un microclimat autour de la peau pour éviter les chocs thermiques trop importants.

Maintenant que t’es le.a champion.ne des trois couches, tu comprends aisément que si tu te foires sur la première, le base layer, t’es foutu.e !

On va donc décrypter ce produit sous toutes ses coutures pour que tu puisses t’équiper en connaissance de cause.

Base-layer en fibres synthétiques ou en fibres naturelles comme la laine ?

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, j’avais personnellement toujours skié avec un base-layer en fibres synthétiques. Il faut dire qu’enfiler un Nike Pro ça donne vraiment l’impression d’avoir un corps de rêve et des sacrés abdos !

Mais ça c’était avant. Avant de savoir qu’il existait des alternatives, comme la laine. Mais alors, du polyester ou de la laine, du pétrole ou du mouton, qui est le plus fort ?

Voici les 7 critères que nous avons pris en compte pour comparer et décrypter ces 2 familles de base-layer.

Performance technique : Thermorégulation

La nature est quand même sacrément bien faite… Qui peut dire qu’il a déjà vu un mouton claquer des dents en plein hiver ? Il faut dire qu’ils sont quand même bien équipés les moutons.

L’espèce de mouton dont la laine est utilisée pour la fabrication des base-layers, c’est le Mérinos. C’est un mouton qui vit à l’extérieur à des températures comprises entre -10°C et 30°C.

Le mouton est un animal à sang chaud, comme nous. C’est sa laine qui l’aide à réguler sa température et à vivre à des températures “extrêmes”.

Un base-layer en laine fonctionnera de la même manière pour nous. La laine agit à deux niveaux :

  • Elle peut absorber jusqu’à 30% de son poids en eau avant de devenir humide. Cela permet donc capter la transpiration au niveau de la peau et l’évacuer tout en gardant le corps au sec et donc chaud.
  • C’est un excellent isolant thermique, qui permet de conserver la chaleur corporelle. Il faut dire que la chaudière est réglée sur 37.

La laine agit comme une véritable climatisation : elle fonctionne été comme hiver.

De son côté la fibre synthétique va également éliminer rapidement la sueur, mais n’aura pas le même pouvoir isolant que peut avoir la laine.

Confort olfactif : “La laine fraîche”

On ne va pas se mentir, lorsqu’on est emmitouflé dans nos vestes de ski, sur le télésiège, la goutte au nez… c’est quand même très rare de sentir l’odeur corporelle de son voisin…ou alors c’est que t’es assis à côté d’un bouquetin !

En revanche quand vient l’heure du vin chaud, qu’on rentre au chalet et qu’on retire sa veste de ski… là on ne sait plus qui des pieds, des aisselles ou de la raclette de la veille gagnent la bataille… et le pire c’est le lendemain, lorsqu’il faut remettre sa base layer. Mieux vaut alors l’enfiler à la Jacques Mayol (en apnée pour ceux qui n’ont pas regardé le Grand Bleu).

Avec la laine ce problème-là n’existe plus. Tu peux utiliser la même base-layer toute la semaine tu ne sentiras pas.

Pourquoi ? (Alerte quart d’heure Fred et Jamie)

Parce que ce qui sent mauvais ce n’est pas la transpiration, mais les bactéries que l’on a sur la peau. Les bactéries vont se nourrir des nutriments qu’il y a dans notre transpiration et en retour elles vont produire une mauvaise odeur (sympa… mais quand on y pense, pour les bébés c’est pareil 😉 ).

La laine étant naturellement antimicrobienne, elle va limiter la prolifération de ces bactéries et donc … des odeurs. On a rencontré quelques riders qui “suent comme des cochons” et qui n’utilisent qu’une seule base-layer en laine pour toute leur semaine au ski … sans risquer de mettre en péril leurs relations amoureuses ou amicales.

C’est à cause de ces petites bêbettes là qu’on sent mauvais …

Les marques qui proposent des base-layers synthétiques, contre-attaquent en ajoutant dans anti-microbiens dans leurs fibres (à base de sels ou d’ion d’argent). Mais ce “coating” n’est pas suffisant pour tenir une semaine et au fur et à mesure des lavages, il a tendance à disparaître.

Et puis, qui n’a jamais eu un t-shirt en polyester qui … même lavé dix fois sentait toujours la transpi ? … là si je suis le seul c’est la honte, tu me diras il y a au moins aussi ma femme. Et bien cette mauvaise expérience, normalement avec la laine, ça n’arrivera pas.

Les base-layers on peut (il faut) aussi les utiliser dans la vie de tous les jours, pour la course à pieds, le vélo, la rando par exemple. L’avantage c’est que comme ils ne sentent pas, on n’a pas besoin de les laver après chaque sortie. Un t-shirt peut tenir entre 5 et 10 courses facile… c’est quand même un sacré gain économique et écologique, non ?

Confort au toucher : doux comme un agneau

Là tu te dis que la laine ne peut pas gagner… bah oui la laine c’est rêche (et je ne parle pas du prix) et ça gratte… et bien détrompe toi.

La laine utilisée pour les base-layers c’est de la laine de mérinos. Un mouton un peu spécial qui produit une laine très douce, parce qu’elle est très fine. Son diamètre mesure environ 11 à 24 microns, alors qu’une fibre de laine classique à un diamètre moyen de 37 microns. 

Ce n’est donc pas moins confortable au toucher qu’un t-shirt synthétique. Certains riders pourraient même trouver ça plus confortable… Après ça c’est une question de sensibilité.

Le temps de séchage des base-layers : La laine à la traîne

Sur ce point-là aucun suspense, le t-shirt synthétique est le plus efficace et largement !

Est-ce que cela t’es déjà arrivé de sortir un t-shirt synthétique de la machine à laver en te demandant si tu avais bien “lancé la machine” (j’adore cette expression) tellement il semblait sec ?

Le synthétique sèche super vite et ce n’est pas le cas de la laine.

Pour le séchage de la laine, le sèche-linge et le radiateur sont interdits (pour éviter le rétrécissement). Il faut donc le poser à plat et attendre… donc forcément ça prend un peu plus de temps. Mais rassure-toi ça se compte en heures, pas en jours. Pour rappel un t-shirt en laine est aussi fin que les t-shirts en coton que tu as dans ton armoire.

Mais comme on lave moins souvent le base-layer en laine (environ 5 fois moins), il faudra moins souvent le faire sécher !

La durabilité, la durée de vie d’un bon base-layer

Le synthétique c’est increvable… ou presque parce que j’ai quand même mis à la benne 2 t-shirts qui sentaient la mort.

Les vêtements en laine auront tendance à être un peu plus fragiles que ceux en fibres synthétiques. Les endroits les plus sensibles sont ceux sur lesquels il y a des frottements (exemple : les épaules au niveau du sac à dos).

Les techniques de filage évoluent et les base-layers en laine sont de plus en plus solides. Certaines marques font des tests d’abrasions poussés, et ne commercialisent le produit que quand elles sont sûres de la qualité. Il faut donc bien choisir sa marque.

Plus le fil est fin, plus le base-layer sera léger et doux… mais plus il sera également fragile. A toi de voir si tu es au gramme près !

Il y a aussi la question du nettoyage et du rétrécissement… As-tu déjà vu un mouton rétrécir à cause d’une averse ? J’habite en Bretagne… à Nantes (ouuuuh la Bombe), autant te dire que mes moutons sont souvent rincés… et même s’ils ne sont pas bien grands… ils n’ont jamais perdu 1 cm.

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne pleut pas de l’eau chaude… enfin pas encore !

Pour le t-shirt en laine c’est pareil. Si tu le laves en programme laine ou à 30°C il ne bougera pas.

On a un Green Rider qui nous a dit qu’il avait son base-layer en laine depuis 8 ans et c’est plutôt du genre à être un montagnard qui envoie du steak !

Quel prix pour un bon base-layer ?

Pour un base-layer synthétique il faut compter en moyenne entre 30 et 80 €.

Pour un haut en laine ça sera presque le double, pareil pour les jambes… ah parce qu’on parle du haut depuis le début, mais un base-layer “collant” c’est primordial pour rester bien au chaud au ski.

L’écologie : la laine est-elle vraiment éco-responsable ?

D’un côté, on a des fibres issues de l’industrie pétrochimique et de l’autre on a un produit “naturel” qui pousse sur le dos de gentils mignons moutons… le combat semble déséquilibré… et pourtant… je t’explique et je te laisse juger…

Laine Vs. Pétrole

Les impacts des base-layers synthétiques sont :

  • Le pétrole pour fabriquer la matière comme le polyester, les polyamides, etc…
  • Les rejets de microplastiques tout au long de la vie du produit. Ces rejets ont essentiellement lieu lors des lavages en machine (nombreux !)
  • La fin de vie du produit.

Pour réduire l’impact de ce type de base-layer, il faut privilégier les fabrications locales, qui utilisent des matières recyclées. Il est également préférable d’utiliser un guppy bag lors des lavages. Et bien sûr, il faut utiliser son base-layer le plus longtemps possible… mais ça c’est valable pour toutes les matières.

Parlons maintenant de la laine.

Qui dit animal dit impact lié à la “vie du mouton”. Il y a la nourriture, la boisson (on ne parle pas de bières … même en Australie les moutons boivent de l’eau). Et puis il ne faut pas oublier une production de CO2 importante venant des …gaz … Alors oui ça fait un peu pipi caca, mais ce n’est franchement pas négligeable surtout quand on sait qu’il y a plusieurs millions de moutons.

Il y a également toutes les étapes de transformation de la laine (qui peuvent être très polluantes).

Il ne faut pas non plus oublier la notion de “souffrance animale” (dont on parlera dans un futur article).

Les points positifs pour la laine sont qu’elle a besoin de moins d’entretien (lavages) pendant sa durée de vie, et qu’elle est 100% biodégradable.

Autre avantage, pour une semaine au ski on aura besoin que d’un t-shirt en laine contre au moins 3 (voir 4) t-shirts en matière synthétique (niveau odeur).

Bref ce n’est pas évident de trancher sur ce point de l’écologie. Si on voulait vraiment comparer, il faudrait faire une ACV (Analyse du cycle de vie) pour chacune des matières.

ACV = “coût écologique” global divisé par la durée de vie… Jamie sors de ce corps !!!

A lire aussi :
Comment choisir un base-layer en laine éco-responsable ?

Conclusion

L’objectif de cet article n’est pas de désigner un vainqueur mais de t’aider à mieux comprendre les avantages et inconvénients de chacune de ces matières.

Maintenant que tu en sais plus, toi seul, peut décider de ce que tu veux acheter.

Il n’y a pas de “choix idéal”, chacune de ces matières a un impact (à différents niveaux) qui ne sera pas négligeable, surtout s’il est multiplié par des millions ou des milliards.

Quelque soit ton choix, il est important de rappeler que c’est la dose qui fait le poison. Donc pour éviter que cela devienne un poison, comme pour tout, il faut être raisonnable dans les achats et surtout conserver son base-layer le plus longtemps possible.

Et puis si tu es convaincu que les fibres naturelles sont mieux que les fibres synthétiques, mais que tu n’aimes pas la laine (vegan), il y a toujours l’alternative des base-layers en fibres de bois (on t’en parle dans quelques jours).

Alors, tu choisis quoi ? Laine ? Synthétique ? Bois ? Tout nu ?

A lire aussi :
Les 6 meilleurs base-layers éco-responsables pour le ski


4 Commentaires sur “Base-layer pour le ski : Quelle matière performante et écologique privilégier ? 

  1. Louis du Petit Thouars says:

    Je me permet de compléter un peu cette article.

    1. La laine permet de rester au chaud même lorsqu’elle est mouillé notamment par votre transpiration. Encore une fois la nature est bien faite, tu as déjà vue un mouton avoir froid sous la pluie?

    2. La durabilité de la laine est malheureusement très loin des performance du synthétique, notamment les mythes adores la laine et peut bouffer ton vêtement. Certaines marques proposent un mix avec d’autres matières pour renforcer le produit, avec de la soie pour les matières naturelles ou avec des matières synthétique comme le polyester ou le nylon malheureusement ça rend le produit très difficile à recycler en fin de vie.

    3. Les moutons produisant la laines merinos sont principalement (voir exclusivement) dans l’hémisphère sud, plus précisément en Australie et en Nouvelle Zélande tout comme les marques (Icebreaker ou Mons Royal). Il y a actuellement quelques acteurs du textile français qui cherchent à relancer cette matières plus localement en collaborant directement avec les éleveurs, mais évidemment cela va prendre beaucoup de temps.

    Ma conclusion:
    Pour le ski: laine car même mouiller vous restez au chaud, et on a beau parler de respirabilité on n’est jamais vraiment au sec.

    Pour trail ou VTT: Synthétique recyclé car c’est souvent la seule couche qu’on a surtout en été et donc cette matière est plus résistante si on s’accroche à une branche par exemple.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *