Rencontre avec Celine Rodenas la kiteuse pro devenue entrepreneuse

celine marche sur le sable avec son twintip

Salut Céline, peux-tu nous raconter ton histoire en quelques mots ?

A la base je viens de la montagne, je suis née en Suisse. Jusqu’à mes 18 ans j’ai grandi sur Annecy. J’adore le sport en général, mais forcément en habitant à côté de la montagne, le ski me tendait les bras. J’ai commencé vers 3 ans, puis après à l’école j’étais en section sport, on avait des sessions au moins 2 fois par semaine plus les WE. Mon premier contact avec la glisse c’était sur des flocons.

celine en kitesurf dans les airs

Et pourtant, on te connait plus pour tes performances sur l’eau…

C’est vrai, même quand je vivais dans les montagnes, j’ai toujours été attirée par la mer et les océans. Et dès que j’en ai eu l’opportunité, notamment grâce à mes études à la fac de sport, je suis partie sur Montpellier.

C’est donc là-bas que tu as découvert le kitesurf ?

Oui et non. J’ai découvert le kite lors d’une tournée des plages de France. A l’époque j’animais un stand de beach volley pour Décathlon, et pendant tout l’été on passait de plages en plages. Sur cette tournée il y avait une tournée en parallèle qui présentait le kite. A ce moment-là c’était “nouveau”, et comme j’adorais la glisse, ça m’a beaucoup intrigué. J’ai sympathisé avec l’équipe kite. Et c’est comme ça que j’ai commencé… Bon il faut dire aussi que j’avais d’excellents profs avec Sébastien Garat et Mickaël Fernandez, les mecs étaient champions du monde.

” Mais ce n’est pas moi qui suis arrivée tard au kite, c’est le kite qui est arrivé tard à moi !”

T’as donc commencé le kite assez tard ? (ça me rassure, ça me laisse une chance de devenir aussi un champion !)

A l’époque, en 2005 j’avais 25 ans… Ce qui effectivement n’est pas tout jeune pour débuter le kite… Mais ce n’est pas moi qui suis arrivée tard au kite, c’est le kite qui est arrivé tard à moi ! J’ai vraiment eu un coup de foudre pour ce sport, je voyais les mecs monter à 10-15 mètres, ça me donnait vraiment envie de faire comme eux. Je m’y suis mise à fond.

A tel point qu’à la fin de ma dernière année d’études j’ai eu un choix à faire, soit m’inscrire en école de kiné, soit me lancer dans le kite… j’ai choisi la deuxième solution.

Je suis donc partie 2 mois en Grèce pour me donner à fond dans le projet. J’ai très vite progressé, et après 3 mois de pratique j’ai fait ma première compétition. J’ai eu la chance de trouver rapidement un sponsor, ce qui m’a permis de me concentrer uniquement sur le kite. Et après, tout s’est enchaîné.

celine en compétition pendant le PKRA

Tu t’es donc lancée dans une carrière pro ?

Pro, oui et non, car en France, il n’est pas vraiment possible de “vivre” du kite. J’alternais entre petit job alimentaire, j’écrivais des articles pour la presse écrite spécialisée dans le kite et les compétitions un peu partout dans le monde sur le KPWT (Kiteboard Professional World Tour) et le PKRA.

” Après une carrière de sportive de haut niveau, dans laquelle tu es “mise en lumière” tu as besoin de te prouver que tu es capable de continuer à briller autrement, de retrouver des “sensations fortes”, de l’adrénaline… et c’est exactement ce que je retrouve dans l’entrepreneuriat. “

Pour quelqu’un qui est arrivé “tard” dans ce sport, tu as quand même un sacré palmarès !

C’est un joli palmarès certes, mais tout est relatif si tu compares le nombre de participants en kite avec une autre discipline (foot, tennis…).

bouton téléchargement checklist achat combinaison surf

Comment est-ce qu’on prépare sa reconversion après une telle carrière ?

J’ai eu 2 ruptures des croisés entre 2009 et 2011… C’est à ce moment-là que j’ai commencé à penser à ma reconversion. J’ai fait des coachings de kite puis j’ai bossé pour un magazine de kite. J’ai ensuite repris mes études avec un Master en communication, marketing et management. Cela m’a ouvert des portes sur plusieurs expériences pour lesquelles j’avais troqué ma board contre des talons aiguilles… Mais au final, cela ne me correspondait pas, ce n’était pas moi. Je passais beaucoup de temps seule dans ma voiture, dans les embouteillages. En regardant par la vitre, tous les gens autour de moi étaient également seuls… ça m’a sauté aux yeux comme une aberration écologique… ça devenait insupportable pour moi. J’ai demandé à travailler en home office et quand mon employeur a refusé j’ai décidé de faire le grand saut et de créer ma propre société Prolib Formation

Après une carrière de sportive de haut niveau, dans laquelle tu es “mise en lumière” tu as besoin de te prouver que tu es capable de continuer à briller autrement, de retrouver des “sensations fortes”, de l’adrénaline… et c’est exactement ce que je retrouve dans l’entrepreneuriat.

céline sur un podium après une compétition

Ah oui donc ça n’a vraiment rien à voir avec le Kitesurf ?

Encore une fois je vais répondre oui… et non ! On propose des formations aux professionnels exerçant dans le libéral. Pendant ces formations, il y a une partie “technique” et une partie découverte, sportive ou culturelle. Cela permet de joindre l’utile à l’agréable. Par exemple sur la prochaine session, on propose une formation sur la communication des cabinets et sur les tendinopathies des membres inférieurs. Les participants ont la possibilité sur place de pratiquer diverses activités selon le lieu (kite, ski, œnologie, yoga…)

Dans cette nouvelle vie, est-ce que tu trouves toujours un peu de temps pour le kitesurf ?

Je suis toujours en contrat avec la marque F-One Kiteboarding, donc oui je pratique encore régulièrement. A la fin de ma carrière pro, j’ai ressenti le besoin de continuer, de ne pas couper complètement. Alors c’est sûr, ce n’est pas comme avant. Mais j’éprouve un autre plaisir, notamment pendant les coachings en transmettant ma passion pour ce sport. C’est une question d’équilibre pour moi.

Est-ce que pendant ta carrière tu as été à un moment donné écœurée par le kite ?

Sur la pratique jamais, au contraire. Par contre pour ce qu’il y a autour, oui un peu. Notamment les inégalités homme/femme dans le milieu. C’est surtout l’image que l’on donne des filles dans la pratique qui me dérange… c’est dommage. A l’époque on avait fait une vidéo caricature sur Stance. Malgré tout, avec le temps, cette problématique tend à évoluer positivement.

Est-ce que tu peux nous raconter la meilleure session de ta vie ?

Celle qui me vient en tête, c’est au Brésil. J’étais avec ma team mate de l’époque, dans un endroit complètement paumé et sauvage avec des conditions exceptionnelles (plan d’eau flat, vent régulier, chaleur…). C’était vraiment top ! Après il y en a eu d’autres, mais celle-là c’était extraordinaire.

Pratiques-tu d’autres sports de glisse ?

Oui comme je viens de la montagne je pratique le ski et surtout le snowboard. Je trouve que dans les parks, le snowboard est plus sympa. Je fais aussi du snowkite et pas mal de wakeboard en câble.

céline en train de coacher une kiteuse

A part le kitesurf, quelles sont tes autres passions ?

En ce moment je dirais que ma passion est la création de mon entreprise (Prolib Formation), j’y consacre presque tout mon temps et j’adore ça. Sinon il y a l’écriture.

Je suis également passionnée de voyages. Pas ceux où on passe la journée sur un transat mais plutôt ceux où on part à la découverte d’autres cultures hors des sentiers battus. J’aime y associer une dimension sociale avec pour projet notamment des missions de bénévolat.

J’interviens dans plusieurs associations, notamment une pour laquelle j’aide des personnes à apprendre le français.

Depuis que tu as commencé le kitesurf, est-ce que tu as vu tes spots préférés se dégrader ?

Au niveau de nos spots du côté de Montpellier, on remarque que les conditions climatiques changent. Le vent de sud-est qui avait l’habitude de pointer le bout de son nez en septembre est de moins en moins prévisible. Les températures sont de moins en moins cohérentes avec la saison.

Après lors de certains voyages tu vois des aberrations. Les gens qui laissent tels quels leur fast food sur la plage, les poubelles en masse qui volent dans la rue sur des îles perdues au milieu des océans…

céline en snowkite

Est-ce que cela change ta façon de pratiquer ta passion ?

Dans le sport ce n’est pas évident, mais dans ma vie de tous les jours c’est sûr que oui. J’essaie de faire attention. Souvent je ne sais pas par où commencer alors je me renseigne, je lis. Il y a notamment Aurélien Barrau, Cyril Dion, François Gémenne et bien d’autres…. qui m’inspirent beaucoup. A mon niveau j’essaie aussi de sensibiliser mon entourage en montrant l’exemple.

Je participe tous les ans au moins à une journée ramassage de déchets sur la plage. Je pratique beaucoup la course à pied et lorsque je fais une sortie, j’en profite pour ramasser des déchets. Je me tourne également de plus en plus vers le marché de l’occasion….

Nous mettons un point d’honneur à transmettre une image « éco responsable » avec ProLib Formation. Nous avons notamment dans l’idée d’organiser un ramassage de déchets sur nos lieux de formations. Prochainement, une visite des vignobles sera proposée lors d’une formation en implantologie, on la fera en gyroscope et en VTT. Ce sont des petites choses, mais si on arrive à sensibiliser les gens ça sera déjà bien.

Quels sont tes projets/objectifs pour 2020 ?

Cela va être de continuer à développer Prolib Formation. Nous venons de sortir le calendrier pour 2020, avec en préparation de nouvelles dates dés janvier 2021. Et puis il y aura forcément toujours du kite !

céline sur le sable avec son kitesurf

Comment as-tu connu La Green Session ?

C’était sur LinkedIn, j’ai vu un de vos posts passer, et comme je me documente beaucoup sur l’éco-responsabilité, cela m’a interpellé, j’ai tout de suite accroché. En même temps de la glisse et de l’éco-responsabilité, comment est-ce que ça aurait pu en être autrement ?

A quel autre rider (tous types de glisse) penses-tu pour être notre prochain Green Rider?

Kari Schibevaag c’est une snow (et) kiteuse aussi douée qu’engagée !


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *