Rencontre avec Maël le fondateur d’Ekosea

Peux-tu nous raconter ton histoire en quelques mots ?

Bonjour La Green Session ! Je m’appelle Maël Prud’homme, originaire de Bretagne, j’ai grandi à Lorient. J’ai passé plusieurs années à Tahiti pour le travail et désormais j’habite depuis plusieurs années à Anglet (64). Ça c’est pour la partie géographique 🙂 Côté boulot, je dirige ekosea.com, la 1ère plateforme de financement participatif dédiée à l’Océan et l’Environnement, que j’ai fondé il y a 5 ans. 

J’accompagne les porteurs de projet à lever des fonds pour aller au bout de leur aventure, mais pas seulement, car chez ekosea, nous mettons les acteurs en réseau, nous essayons de réfléchir ensemble à faire de leur campagne de crowdfunding, une opération qui va permettre de rencontrer une communauté, mais également des partenaires et des acteurs issus du milieu nautique / environnement au sens large. Nous gardons égalementcontact bien après la campagne, parce que c’est notre ADN de partager ce terrain de jeux qu’est la Mer. C’est d’ailleurs à ce titre que nous nous sommes rencontrés la première fois !

Comment es-tu arrivé dans le surf ?

Comme beaucoup de petits Bretons, j’ai commencé par faire du bateau avec mes parents, je ne me rappelle même plus la 1ère fois. Je crois que je me suis retrouvé sur un voilier avant même de savoir marcher. Puis, passage par l’apprentissage Optimist, 4.20, 4.70, Kelt 6.20, et sorties depuis la rade de Lorient vers les îles de Groix, de Belle-Ile et des différents ports Bretons.

Ensuite, complètement par hasard en 1989, je tombe sur un reportage sur le Surf et là, déclic, j’harcèle mes parents pour avoir une board, un single des années 70 chiné dans une brocante… J’ai 14 ans et me lance à Ploemeur dans les petites vagues du Maeva, du Loch et de Guidel… Ca ne me quittera plus, cela fait donc plus de 30 ans que je pratique avec un réel plaisir et que mes déplacements et ma vie sont rythmés au gré des vagues.  

 » Ce sport a de génial, qu’avec une seule vague, tu peux avoir le sourire toute la journée « 

Raconte-nous ta meilleure session ?

La dernière meilleure session, c’est le jour de Noël avec Vincent de Stark Surfboards, à la Chambre d’Amour à Anglet, nous sommes arrivés à l’eau où nous étions 6… Il y avait également Arnaud Gréciet qui a un style vraiment top en longboard ! Des vagues parfaites, tout le monde avait le sourire, il faisait super beau… les vagues étaient juste magiques ! Mais des sessions tops, il y en a eu tellement ! Mon 1er tube à la côté sauvage de Quiberon, la 1ère fois où j’ai surfé Taapuna (Tahiti), les sessions aux Cavaliers ou à Lafiténia… ce sport a cela de génial, qu’avec une seule vague tu peux avoir le sourire toute la journée.  

Pratiques-tu d’autres sports de glisse ?

A part le surf et le longboard que je pratique de façon alternative, comme je te le disais j’ai fait un peu de voile qui peut s’apparenter à un sport de glisse quand la houle est belle et que tu as de bons co-équipiers… Sinon, je fais un peu de WakeBoard et je vais assez souvent, quand je suis en Bretagne, du côté du West Wake Park, l’équipe est top, le lieu hyper dépaysant et le plan d’eau est vraiment cool. Je fais aussi un peu de Snowboard, mais c’est vraiment pour le côté balade. J’ai fait aussi beaucoup de roller / quad et de patins à glace quand j’étais plus jeune et je les ressors de temps en temps pour le plaisir d’initier aussi ma fille et de partager ces moments avec elle.

A part le surf, quelles sont tes autres passions dans la vie ?

En terme de passion, je pense que le surf a une place prépondérante. Mais ma première raison de me lever avant le surf, c’est ma famille, ma fille de huit ans qui découvre petit à petit ce milieu et ma compagne qui me soutient dans tout ce que je fais. Une raison bien plus grande que juste le surf 😉 C’est cet équilibre qui me permet aussi d’aller tester des trucs tant dans le sport que dans ma vie professionnelle. Après, je me débrouille plutôt pas mal en cuisine, et suis toujours partant pour faire ma valise et aller découvrir de nouveaux pays.

 » Bien sûr que cela se dégrade, les vagues disparaissent à cause du bétonnage, et de l’action de l’homme « 

Depuis que tu as commencé le surf, est-ce que tu as vu tes spots préférés se dégrader ?

J’ai débuté en Bretagne, une région qui se prend des dégazages de pétroliers tous les hivers… les boulettes de mazout sur les chaussons et donc sur les planches, ça ne date pas d’aujourd’hui ! J’ai surtout vu en 2000 les dégâts de l’Erika, mais également l’impuissance et le renoncement de certains acteurs dont c’est la responsabilité normalement. Mais on ne refera pas le match. Bien sûr que cela se dégrade, mais les raisons d’être optimiste sont aussi nombreuses.

Avant, la préservation de l’environnement, ce n’était pas considéré comme important, c’était à la marge… On se foutait de savoir comment étaient faites nos planches, si elles venaient d’ici ou de l’autre bout de la planète, on se foutait de savoir si les entreprises de la glisse étaient engagées… Je crois que ça change vraiment, je pense qu’il y a urgence à travailler ensemble et à faire attention à ce que l’on fait. Notre consommation, c’est notre bulletin de vote mais c’est bien plus que cela, c’est un vrai pouvoir sur les marchés. La Vague Verte que l’on vient de voir durant les élections municipales montre bien que de plus en plus de personnes sentent qu’il est urgent d’agir.

 » A force de toujours vouloir trouver moins cher, le coût au final est bien plus élevé au niveau social et environnemental. « 

Est-ce que cela change ta façon de pratiquer ta passion ?

Comme je te le disais, depuis plus de 30 ans, je suis sensibilisé à ce point précis. J’essaie de faire la balance entre ma conscience citoyenne et mon plaisir individuel. J’essaie de conserver mes fringues, mes combinaisons, même mes planches de surf, j’essaie de les garder le plus longtemps possible.

Je consomme local. Je refuse d’acheter des planches faites à l’autre bout du monde pour gagner 50€ sur la board… C’est se tirer une balle dans le pied au final. Tant sur la partie sauvegarde de l’emploi que sur la partie environnementale. J’ai choisi de faire confiance à Stark Surfboards pour toutes mes planches, il est à côté de chez moi, il bosse super bien, on peut échanger avec lui, il me conseille, connaît aussi les spots que je surfe, etc. C’est super important pour moi, et ça, c’est quelque chose que je fais de façon consciente désormais. C’est un choix, et au final, je préfère payer le juste prix pour un réel produit / service. Car à force de toujours vouloir trouver moins cher, le coût au final est bien plus élevé au niveau social et environnemental, et on finira toujours par en subir les conséquences.

Quels conseils peux-tu donner aux riders qui veulent réduire leur impact sur l’environnement ?

Je peux juste partager ce que j’essaie de faire à mon niveau. J’évite le « greenwashing », les projets qui, sous couvert de sauver la planète, nous vendent du « faux responsable ». 1er point, la planète se sauvera elle-même, pour nous c’est une autre histoire !

Pour moi, l’argent a une odeur, les créations ont un coût environnemental, je crois à un prix juste pour les services et les produits. Simplement prendre le réflexe de se poser la question lors d’un achat : est-ce que j’en ai besoin ? Est-ce que le coût est juste ? Est-ce que je peux garder quelques mois, années de plus mon PC, mon téléphone et voir pour les booster plutôt que de les changer ? J’ai peu d’applis sur mon tel. Je ne vais pas sur les métamoteurs qui finalement utilisent Google… Sous couvert de promouvoir et aider les associations, ils augmentent le coût environnemental, ça n’a pas de sens.

Je trouve même ça dommageable pour les vrais acteurs engagés, cela braque les projecteurs sur des acteurs qui sont de bons communicants mais qui ne résolvent rien… Et pire, en braquant les projecteurs, ils aspirent des fonds qui auraient été réellement nécessaires pour certains projets vertueux. Mais à nouveau, à nous d’être un peu exigeants et à nous de nous poser les bonnes questions. En quoi mon geste a-t-il un impact lorsque je passe par un major, par un acteur plus connu de prime abord ? C’est confortable, c’est facile… Mais est ce juste et est ce que le coût à terme est cohérent ? 

 » En quoi mon geste a-t-il un impact lorsque je passe par un major, par un acteur plus connu… C’est confortable, c’est pratique.. Mais est-ce juste et est-ce que le coût à terme est cohérent ? « 

Pour la partie transports, j’ai réellement réduit mes déplacements en avion… Cela fait plusieurs années que je ne l’ai pas pris. Cela ne veut pas dire que c’est terminé, ça veut juste dire que si je dois me déplacer, je me pose la question de la façon la plus cohérente. Egalement pour la partie automobile, j’essaie de me documenter, de me poser la question de savoir si l’électrique est une réelle révolution ou bien juste un déplacement de problème. Qu’est ce que l’on va faire des batteries ? Où sont les lieux d’extraction, en quel état sont-ils ? Ce n’est pas parce qu’ils sont loin qu’ils ne vont pas avoir d’impact.

Pour la partie vie quotidienne, j’essaie de consommer en circuit-courts, en local et également plutôt bio pour ce que je peux et je privilégie la saisonnalité des produits. Enfin, j’essaie de privilégier la mobilité à vélo.. Comme tu le vois, rien d’extrême, juste se poser régulièrement des questions sur l’impact des actions menées

Peux-tu nous en dire plus sur Ekosea ?

Avec plaisir ! Ekosea, c’est la plateforme de crowdfunding dédiée à l’OCEAN, l’ENVIRONNEMENT et l’OUTDOOR. On a accompagné plus de 150 projets surf, voile, environnement, innovation, culture, alimentation… autour de l’Océan et on est super fier de les connaître tous. 

Avec 85% de réussite sur les projets accompagnés, nous sommes l’une des plateformes de crowdfunding les plus performantes de France.
(moyenne en France 70%)

Nous avons récolté plus de 800 K€ pour les projets.

Mais ce n’est pas juste moi… ce sont également les différents associés qui m’accompagnent, et surtout ce sont les 150 porteurs de projet qui ont compris que choisir ekosea.com, c’était aussi faire le choix d’une communauté de passionnés, de connaisseurs et d’acteurs. Ce sont les médias spécialisés et généralistes qui relaient nos aventures… Mais surtout, ce sont les 12 000 contributeurs à date, qui ont oeuvré à la réussite des projets. Sans eux, on est rien, mais ensemble on peut tout changer… Et ça c’est top ! J’en profite pour les remercier chaleureusement. Sans eux, rien ne serait possible !

Et c’est aussi absolument génial et riche de rencontrer autant d’acteurs passionnés et engagés pour la préservation des océans, pour la mise en place de solutions innovantes, intelligentes et d’aventures. 

 » Sans eux, on est rien, mais ensemble on peut tout changer… Et ça c’est top ! « 

J’en profite pour les remercier chaleureusement. Sans eux, rien ne serait possible ! Et c’est aussi absolument génial de rencontrer autant d’acteurs passionnés et engagés pour la préservation des océans, pour la mise en place de solutions innovantes, intelligentes et d’aventures.

Quels sont tes projets/objectifs pour 2020 ?

On s’est pris un coup d’arrêt assez violent en mars avec ce COVID19, ça nous a tous touché, entreprise à l’arrêt et les projets décalés voire annulés, mais on s’est dit que finalement il fallait qu’on le voit comme une opportunité de se poser et de mettre en avant ceux qui nous ont fait confiance depuis 2015. Ce moment particulier nous a permis de faire le point avec de nombreux porteurs de projet qui étaient passés par Ekosea, de mettre en avant les conférences, podcasts, films ou documentaires que l’on trouvait inspirant pour faire face à ce que nous étions en train de vivre.

Mais pour autant, on a continué à travailler pour être prêt et on continue avec toujours plus de nouveaux projets passionnants ! Shamp(.) : du shampoing en monodoses de poudre compactée, sans emballage plastique, avec des ingrédients naturels ou bio, pour les nomades mais aussi pour toutes les personnes qui veulent être responsables de leur consommation ! On est vraiment ici sur une démarche environnementale intelligente, respectueuse de l’Environnement et de l’Humain.

On va avoir également des projets liés à la récupération de mégots, à la construction bio sourcée de bateaux. On est ouvert à tout type de projets dès lors que cela touche l’Océan, l’écosystème qui l’entoure, le littoral son mode de vie et ses pratiques (sportives, culturelles, citoyennes…).

La grosse ACTU, c’est que nous avons décidé d’ouvrir encore plus la possibilité aux personnes engagées de nous rejoindre.

On propose de devenir actionnaire de la « ekosea Family » pour un ticket d’entrée à partir de 100 €.

On propose de mobiliser le plus grand public pour participer ensemble au changement que nous souhaitons voir. La campagne en cours est par ici : https://fundhero.fr/fr/projets/4-ekosea et elle vient tout juste de débuter ! On est ravi de voir que de nombreuses personnes ont décidé d’investir dans une société qui souhaite demeurer indépendante, pouvoir choisir les projets sans avoir d’obligations de prendre des projets par défaut, et qui, grâce à cette levée de fonds participative, a l’objectif de créer des emplois en Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Méditerranée… . Rejoignez-nous !

Que penses-tu du guide du “TOP 50 des marques de glisse éco-responsables” que nous avons sorti ?

Je trouve que c’est une super idée. C’est essentiel d’avoir un acteur neutre qui puisse mettre en avant les acteurs qui se bougent. Je rajouterais certains critères de choix pour que chacun puisse se faire aussi son idée sur des points précis. Par exemple, le cycle de vie complet et une approche sociétale. Car pour moi, l’idée est que le produit doit être le plus neutre ou positif mais que les salaires soient aussi intégrés dans l’évaluation. Je m’explique, si tu prends un salarié ultra qualifié type Bac+4 / Bac+5, mais que tu lui proposes de le payer au Smic parce que la marque est cool… ben, pour moi, y’a un défaut dans l’énoncé. Comme dit plus haut, le juste prix doit être effectif, tant pour le produit ou service que pour le salarié qui t’accompagne dans ce projet. Je sais c’est compliqué comme démarche. Vous, LGS, pouvez être un réel acteur du changement ! 

A quel autre rider (tous types de glisse) penses-tu pour être notre prochain Green Rider?

Si vous n’avez pas encore eu le plaisir d’échanger avec Gibus de Soultrait, non seulement il a été le fondateur de Surf Session et c’est une mémoire vivante du Surf en France, mais il a également été l’un des co-fondateurs de Surfrider Foundation Europe et dans le collectif qui a lancé Rame Pour Ta Planète. Pour la partie Shapers de talent et qui oeuvrent à une démarche artisanale en intégrantla RSE dans leur approche, je peux vous recommander Vincent de Stark Surfboards qui travaille sur l’intégration de pain de mousse bio, Pierre de Notox, Frédéric Clermont qui a lancé les planches en aluminium Utopik… Bref des talents et des histoires passionnantes !


Crédits Photos @Surfpix  @EricZudaire @DelphineFraniau @CherieLielie


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