Comment choisir une combinaison de surf éco-responsable ?

Quel que soit le sport nautique pratiqué, il y a toujours au moins un point commun : la combinaison.

Qu’on l’appelle combi, combar ou encore néoprène, son rôle est le même… nous protéger du froid pour nous permettre de pratiquer notre passion le plus longtemps possible.

Oui mais voilà, la combinaison de surf à un impact écologique qui est loin d’être négligeable… On décrypte ces impacts et on te propose des alternatives.

Principe de fonctionnement d’une combinaison de surf

Aujourd’hui la très grande majorité des combinaisons se compose principalement de néoprène. Il dispose de caractéristiques très intéressantes comme la souplesse, l’isolation thermique ou encore la résistance aux usures. Le néoprène ou encore le polychloroprene est un caoutchouc synthétique qui peut être fabriqué à partir de deux matières premières : le pétrole ou le calcaire (limestone en anglais).


Ce néoprène est ensuite enveloppé entre deux couches de tissu (polyester ou nylon) que l’on appelle les doublures intérieures et extérieures. Ces doublures permettent de protéger le néoprène et de lui donner les propriétés mécaniques souhaitées.


Cet ensemble forme un sandwich constitué de 3 couches.

Composition d’une combinaison de surf en néoprène

Pour avoir une coupe performante et ajustée, plusieurs panneaux de ce sandwich de néoprène sont assemblés entre eux via de la colle et des coutures.

Donc pour résumer, une combinaison de surf c’est de la mousse néoprène, deux couches de tissu (intérieure et extérieure), de la colle pour laminer les couches de tissu sur le néoprène et pour assembler les panneaux de
néoprène et du fil pour coudre les panneaux de néoprène entre eux.

Depuis plusieurs années l’industrie du surf a laissé tomber le néoprène pétrochimique au profit du fameux limestone. Quasiment toutes les combinaisons de surf disponibles sur le marché sont faites en limestone. C’est LE standard.

Les impacts environnementaux d’une combinaison de surf

La mousse isolante = néoprène limestone

Comme on l’a vu plus haut, le néoprène peut être synthétisé à partir de pétrole ou de roche calcaire (limestone). Dans cet article on va se focaliser uniquement sur le calcaire qui est utilisé dans la très grande majorité des combinaisons
de surf.

Pour le pétrole la matière première qui servira à obtenir le néoprène est le buta-1,3-diène. Pour l’obtenir, le pétrole va subir une distillation puis un craquage.

Dans le cas du calcaire, la matière première qui servira à obtenir le néoprène est l’acétylène. Pour synthétiser ce composé chimique, le calcaire se place avec du charbon de bois dans un four à très haute température (1700°C).

Ensuite le procédé de fabrication consiste à appliquer une série de transformations chimiques (polymérisation et vulcanisation) pour obtenir le polychloroprène = néoprène.

Fabrication du néoprène à partir du limestone

Si on se réfère à la communication de certaines marques, on pourrait penser que le limestone est composé uniquement de poudre calcaire (70 %) et de pneus recyclés (30 %). La réalité est malheureusement plus complexe et la composition du limestone intègre également d’autres ingrédients pétrochimiques comme des huiles qui vont permettre la création d’une émulsion pour former la mousse isolante.

“Limestone : Chez La Green Session, on trouve que certaines marques “sur-communiquent” sur cette matière.”


On voit souvent “la combinaison écologique” ou la “combinaison zéro pétrole”. Ces slogans marketing peuvent être trompeurs pour les acheteurs car ils sont utilisés pour présenter des combinaisons dont la composition est relativement proche des standards et qui ne présentent pas de réelles innovations environnementales.

Les doublures des combinaisons de surf

Les doublures de ta combi sont fabriquées à partir de matières synthétiques :

  • le polyester
  • le nylon.

Ces deux matières issues du pétrole génèrent de la pollution au niveau de l’air, des sols et des eaux tout au long de leur vie : extraction du pétrole, substances chimiques utilisées dans le process de transformation du pétrole en fibre textile, relargage de microparticules de plastique lors des lavages, incinération en fin de vie…

Les colles des combinaisons de surf

Les colles conventionnelles sont composées de solvants chimiques toxiques qui émettent dans l’air des COV (composés organiques volatiles). Ces COV génèrent à la fois un impact environnemental avec la pollution de l’air mais également sanitaire pour les personnes exposées.

Le transport des combinaisons de surf

À notre connaissance toutes les combinaisons de surf présentes sur le marché sont fabriquées en Asie. Il faut donc avoir en tête que ta combi se sera fait un petit boat and road trip avant d’atterrir dans ton garage.

Désolé mais nous n’avons pas connaissance d’alternative à ce niveau donc si tu te sens de relocaliser la filière… vas-y fonce 🙂

Les alternatives éco-responsables pour les combinaisons de surf

Les mousses isolantes éco-responsable des combinaisons de surf

Le caoutchouc naturel = Le Yulex

Très peu d’alternatives existent à ce jour pour le néoprène limestone. Parmi les plus connues, on retrouve le Yulex™ qui est composé de 2 caoutchoucs :

  • 85 % de caoutchouc naturel, fabriqué avec de la sève d’Hévéa
  • 15 % de caoutchouc synthétique pour la résistance aux UV

Le caoutchouc naturel est un matériau de substitution renouvelable et végétal. Obtenu après transformation du latex d’Hévéa, arbre originaire de la forêt amazonienne et d’Amérique centrale, cette matière première renouvelable est
ensuite traitée selon un procédé qui élimine 99 % des impuretés. En plus d’être aussi performant que le néoprène, le caoutchouc naturel est également hypoallergénique.

Malheureusement tout n’est pas rose avec le caoutchouc naturel. Il est très prisé pour l’industrie du pneumatique ce qui en fait une matière première soumise à de fortes tensions. Dans certaines régions du monde, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est, la culture de l’hévéa suit le même chemin dramatique que l’huile de palme. Pour répondre aux besoins toujours croissants du secteur des pneumatiques, ces régions n’hésitent pas à déforester massivement éliminant progressivement la biodiversité locale.

Pour que le caoutchouc naturel soit une réelle alternative écologique au néoprène, il faut donc s’assurer au préalable qu’il provient de plantations d’hévéas durablement gérées et certifiées FSC (Forest Stewardship CouncilTM).

Le BioPrene

Le Bioprène est un isolant thermique fabriqué à partir de plusieurs matières premières naturelles et renouvelables :

  • de la sève d’Hévéa
  • de la canne à sucre
  • des semences non alimentaires
  • de la coquille d’huîtres


Cette matière a été développée récemment par la marque Sooruz avec la création du modèle Green Line.

L’OysterPrene

L’Oysterprène © a fait son apparition sur le marché courant 2020 également sous l’impulsion de Sooruz. C’est la même chose que le limestone mais la roche calcaire (limestone) est partiellement remplacée par de la poudre de calcaire venant de coquilles d’huîtres broyées.
L’idée est de remplacer une matière non renouvelable et difficile d’extraction (la roche) par une matière renouvelable et facile d’accès (coquilles d’huîtres).

Pour info “oyster” signifie “huître” en anglais, pour ceux qui comme moi étaient assis à côté du chauffage en cours d’anglais (on a le droit d’être frileux !).

Quel type de “néoprène” est le plus écologique ?

Aujourd’hui, il nous est malheureusement impossible de te dire quel isolant est le plus écologique. Pourquoi ?
Parce que si on veut répondre rigoureusement à cette question, il faut avoir une approche “scientifique”,
chiffrée. Et pour ça il faudrait notamment faire une ACV (analyse du cycle de vie) pour chacune des solutions.
C’est grâce à ce genre d’analyse qu’on peut comparer deux solutions pour savoir laquelle est la plus vertueuse.
Cela permet de se rendre compte de certaines “fausses bonnes idées”. Des produits qui semblent super écolos
et qui en fait ne le sont pas… méfions-nous donc des communications venant des marques.

En ce qui concerne les combinaisons de surf, aucune des marques contactées n’a pu nous présenter ces ACV.
Aucune marque n’a pu nous prouver que l’une de ces matières était vraiment plus écologique qu’une autre.
Instinctivement on peut penser que les isolants utilisant des ressources naturelles et renouvelables comme le
Yulex™, le Bioprène, ou l’Oyesterprene ont moins d’impact… mais rien ne le prouve.

Les doublure éco-responsables des combinaisons de surf

La principale alternative pour les doublures en polyester et nylon consiste à utiliser des matières issues du recyclage.
Cela permet de préserver les ressources naturelles et de réduire les déchets en donnant une seconde vie aux objets recyclés comme les bouteilles plastique par exemple.

Cette solution présente quand même certaines limites. Les matières synthétiques recyclées nécessitent de l’énergie
pour être collectées puis transformées en une nouvelle fibre textile exploitable. Elles ne peuvent pas non plus être recyclées à l’infini et relarguent également des microparticules lors des lavages en machine.

Les colles éco-responsables des combinaisons de surf

Il faut distinguer la colle qui sert à coller les panneaux de néoprène entre eux (la colle néoprène) et la colle qui permet de laminer les doublures à la mousse isolante. Pour la première il n’existe pas à ce jour d’alternative. Pour la seconde, les marques peuvent opter pour une colle plus écologique dont les solvants toxiques ont été remplacés par de l’eau.

En résumé, voici les impacts des combinaisons de surf

  • Matières premières pétrochimiques, non renouvelables et polluantes
  • Émissions de GES très importante pendant les phases d’extraction et de transformation du calcaire
  • Pollution de l’air avec les émissions de COV (composés organiques volatiles) lors de l’utilisation des solvants
    pour les étapes de collage
  • Émissions de GES liées au transport des matières premières et des combis (fabriquées en Asie)
  • Aucune filière de collecte industrielle pour le recyclage du néoprène n’existe
  • Conditions de travail difficiles à vérifier due à la production délocalisée en Asie pour l’ensemble des marques.

En résumé, voici les combinaisons de surf à privilégier

  • Mousse isolante intégrant un maximum de matières premières végétales et renouvelables : Yulex et BioPrene
  • Doublures en matière recyclée (polyester ou nylon)
  • Colle sans solvant à base d’eau pour la lamination des doublures
  • Des combinaisons solides et durables
  • Privilégier des marques qui cherchent à faire évoluer la filière et qui investissent au niveau de l’éco-conception mais également du recyclage en fin de vie

Voici notre sélection de combinaisons de surf éco-responsables


Illustrations : Elodie Laroche

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