Rencontre avec Lea Brassy une waterwoman engagée

Ça fait des mois que ces films et images nous inspirent … On la cherchait sur tous les spots, mais c’est finalement grâce à La Water Family, dont elle est ambassadrice, qu’on est parvenu à l’interviewer.

On te laisse donc en compagnie de Léa :

Peux tu nous raconter ton histoire en quelques mots ?

J’ai 34 ans, je suis originaire de Normandie et je suis arrivée dans le Pays Basque quand j’avais 16 ans, après 3 années scolaires en Finistère Sud. Le sport et surtout le surf ont été une école de la Vie pour moi. Très jeune, j’ai contracté le virus de l’aventure. J’ai été curieuse de nouveaux endroits et de nouvelles cultures, avec une attirance particulière pour les contrées reculées. Intuitivement j’ai priorisé ma passion, et j’ai ainsi pu réaliser beaucoup de mes désirs de vagues et de voyages.
Bien que j’ai grandi en ville, je viens d’un milieu assez simple, aux valeurs paysannes, proches de la Terre et de la nature. J’ai cherché des expériences faisant écho à ma sensibilité pour l’environnement et le rapport de l’homme à celui-ci. J’en ai vécu beaucoup et cela a forgé mon deuxième rêve, qui après celui de surfer est de plonger dans les eaux bleues du Pacifique en vivant sur un bateau, et de vivre plus simplement en expérimentant une ébauche d’autonomie alimentaire et énergétique.

Comment es-tu arrivé dans le surf ?

Mon grand frère Maxime a débuté le surf avec un copain du lycée. À ce moment-là, j’avais 11 ans et j’étais en sport et études Natation au collège à Caen. Maxime a eu la bonne idée de me proposer d’essayer. J’étais suffisamment aquatique pour les suivre malgré la température de l’eau. J’ai rapidement fait partie de tous les weekends dans le Cotentin, le spot où nous avons appris. J’ai commencé par le bodyboard que je traînais d’abord derrière moi pour passer la barre, et puis mes parents m’ont offert ma première planche pour Noël.

Peux tu nous raconter ta meilleure session ?

J’ai de nombreuses sessions favorites, mais celle-ci tient une place particulière dans ma mémoire. 

Lors de cette session sur le North Shore sur un spot mois convoité, les vagues étaient glassy, 2m50 avec un take-off plutôt tranquille puis un tube parfait et intimidant. Il y avait une vingtaine de gars à l’eau, dont un Monsieur plus âgé, qui semblait connaître le spot par cœur. Je pense qu’il aurait pu prendre un tube les yeux bandés. À la fin de chacune de mes vagues, alors que je remontais au pic le cœur battant, mais un peu sur ma réserve, il sortait de tubes surréalistes, inondés par la lumière dorée de fin de journée. Alors que je levais mes bras au ciel pour la énième fois, il m’a demandé si je voulais prendre un tube comme celui-là. J’ai ri, et lui ai dit que j’étais là pour ça. Il m’a fait le suivre, a aligné deux amers dans le paysage et m’a fait signe de les garder bien l’un derrière l’autre. À peine une minute plus tard, j’ai vu l’horizon se déformer, j’ai senti mon cœur s’emballer et mon estomac se nouer. D’un regard il m’a dit « go », en vérité j’avais déjà compris, c’était une de ces vagues servies sur un plateau, un de ces moments magiques de la vie. J’étais tellement bien placé que je suis partie en deux coups de rame, je me suis levée, et ce large tube m’a enveloppée quelques longs instants, puis m’a délivrée comme une fleur à l’inside. J’ai vu le sourire du Monsieur au travers de tout le line up.

Je revois Joe à chaque fois que je vais là-bas, et nous rions de cette scène avec complicité.

photo : vincent colliard

Pratiques tu d’autres sports de glisse ?

Je pratique le bodysurf, presque autant que le surf d’ailleurs. Je me régale avec cette activité qui implique un toucher d’eau comme en natation et en plongée.

Je pratique aussi l’apnée et la chasse sous-marine, qui ne sont pas des sports de glisse, mais qui pour moi apportent une belle complémentarité à l’amoureuse de l’Océan que je suis.

photo : vincent colliard

Depuis tes débuts, as-tu vu tes spots préférés se dégrader ?

Oui, clairement. Beaucoup plus de macro-déchets mais aussi une eau malodorante et parfois irritante… Cela me donne souvent la nausée, et j’en suis vraiment triste.

« En fait, il s’agit de simplifier son mode de vie. L’avantage est que simplifier n’est pas bénéfique qu’à l’environnement, il l’est aussi à l’esprit, à la santé, et au porte-monnaie.« 

Est ce que cela change ta façon de pratiquer ta passion ?

Bien souvent je ne vais plus à l’eau quand la qualité de l’eau est mauvaise. Ceci pour ne pas attraper de maladie, mais surtout parce que je n’ai pas plaisir à pratiquer dans un environnement sale et pollué.

photo : vincent colliard

Quels conseils peux tu donner aux riders qui veulent réduire leur impact sur l’environnement ?

Réduire son impact environnemental commence par RÉDUIRE tout court. Réduire sa consommation est l’axe majeur sur lequel nous pouvons agir avec un résultat palpable. Se poser la question « ai-je réellement besoin de consommer ceci ? » ou « pourquoi aurais-je besoin de cela ? » permet de choisir en ce sens. Mais aussi veiller à réduire ses déplacements. En fait, il s’agit de simplifier son mode de vie. L’avantage est que simplifier n’est pas bénéfique qu’à l’environnement, il l’est aussi à l’esprit, à la santé, et au porte-monnaie.

Ensuite, mieux consommer est un axe complémentaire, choisir la qualité à la quantité étant le maître mot. Dans le domaine de l’alimentation, il s’agit de consommer local et de saison. Dans le domaine de l’équipement, il s’agit de choisir des articles réparables, à usages multiples… Apprendre à lire derrière les étiquettes, ou plutôt à déjouer les pièges du « green washing » me semble également capital. Enfin, VOTER est essentiel pour exprimer ses priorités.

photo : vincent colliard

Peux tu nous parler de La Water Family et de ton implication dans cette association ?

J’ai poussé la porte de la Water Family en premier lieu car je voulais partager ma sensibilité avec les enfants, et participer aux actions d’éducation. Je salue le travail de terrain réalisé par l’association. Bien que sa communication publicitaire soit restreinte, le travail de fond est fait, et c’est bien celui-là qui est efficace sur les générations futures. Cette approche est louable dans le monde d’aujourd’hui.

photo : laurent masurel

Comment les riders peuvent aider La Water Family ?

Les riders peuvent aider La Water Family en étant force de propositions, en relayant les actions d’éducation auprès des enfants, en participant aux ateliers et aux événements et en montrant l’exemple.

photo : vincent colliard

Que penses-tu du projet Ponchouille ?

C’est une très belle initiative, à la fois écologique et solidaire. Elle plante une graine importante dans les esprits, à savoir que l’on peut faire du neuf avec du vieux, que le recyclage ou le réemploi peuvent être à la mode, et que toute chose mérite d’avoir une seconde vie.

A quel autre rider (tous types de glisse) penses tu pour être notre prochain Green Rider?

Olivier Eudes, très bon surfeur Angloye, qui anime la réserve naturelle de la plaine d’Ansot et qui en connait un rayon sur les écosystèmes de notre région.

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