Planches de surf écologiques : mythe ou réalité ?

planche de surf écologique

Bien que l’on associe souvent l’image du surf à celle du respect de la nature, en tant que surfeur on n’est pas dupe et on se doute bien que notre pratique génère un impact. Et notre planche de surf n’échappe pas à la règle…

Cependant savons-nous quel est l’impact réel lié à la fabrication d’une planche de surf et quelles sont les solutions alternatives existantes ?

C’est à ces deux questions que l’on répond dans cet article pour t’aider à mieux choisir ta future planche !

On a voulu que ce dossier soit le plus complet possible donc n’hésite pas à utiliser le sommaire pour naviguer directement vers les parties qui t’intéressent le plus.

Si tu n’as pas le temps de lire l’article en entier maintenant ou si tu veux approfondir le sujet, tu peux télécharger gratuitement notre dossier au format pdf :

Bouton vers page téléchargement guide fabrication planche de surf

Sommaire :

Ferme les yeux quelques secondes et imagine la scène…

Tu arrives sur le spot en fin de journée après une dure journée de taf. Il te reste 2h à profiter du magnifique swell avant que le soleil ne disparaisse derrière la ligne d’horizon.

Tu aperçois une dizaine de surfeurs au line-up, dont la moitié sont tes potes, et tu te dis que pour rien au monde tu ne souhaiterais être ailleurs.

Après avoir enfilé ta combi en speed sur le parking, tu trottines vers l’océan. Une fois au bord de l’eau tu t’arrêtes, tu attaches ton leash et tu te jettes à l’eau en te réjouissant de ne faire qu’un avec l’océan.

Session de surf au couché de soleil
Petite session tranquiiiille

Hop hop hop l’amigo… il est grand temps de rouvrir les yeux car il y a malheureusement un léger souci dans cette histoire…

Et ce souci peut s’illustrer avec de belles images de plateformes pétrolières ou de raffineries équipées de leurs grandes cheminées qui rejettent tout un tas de saloperies dans l’atmosphère.

Et oui, que ce soit le néoprène de ta combinaison, le carburant de ta bagnole ou le plastique (polyuréthane ou polystyrène) de ta planche de surf, le pétrole fait bien parti de ta session et entrave la belle communion avec l’océan que tu avais imaginé.

Heureusement cette situation n’est pas désespérée et il existe de plus en plus de solutions pour réduire notre impact lorsque l’on pratique notre passion.

Et notre rôle à La Green Session c’est de t’en parler. Donc aujourd’hui on a souhaité aborder le sujet des planches de surf.

C’est vrai que lorsque l’on analyse le bilan carbone d’un surfeur, l’impact de la planche arrive loin derrière le transport.

Cependant on est environ 30 millions de surfeurs dans le monde pour une production annuelle de 400 000 planches donc on s’est dit que ça valait quand même le coup de changer nos habitudes.

Surtout que des alternatives accessibles existent.

Composition et fabrication d’une planche de surf

Avant d’étudier l’impact environnemental des planches de surf et les alternatives éco-friendly, il est important de comprendre comment ces planches sont fabriquées et quels sont les matériaux utilisés.

On va être assez bref sur cette partie car on a déjà rédigé un article qui présente en détail les matériaux utilisés dans une planche de surf ainsi que les étapes de fabrication.

Pour tout savoir à ce sujet, tu peux lire notre article sur la fabrication des planches de surf.

Comme on n’a pas toujours le temps de naviguer d’article en article, voici un résumé qui te permettra de comprendre la suite.

Principe de fabrication d’une planche de surf :

Les planches de surf actuelles sont toutes fabriquées selon le même principe.

La forme (shape) de la planche est façonnée dans un noyau (en mousse polyuréthane ou polystyrène) qui est ensuite stratifié pour le rendre étanche et résistant.

L’étape de stratification consiste à appliquer au-dessus (pont) et en-dessous (carène) de la planche une ou plusieurs couches de tissu en fibre de verre imprégnées de résine polyester ou époxy en fonction de la mousse choisie.

stratification planche de surf
Le tissu de fibre de verre est imprégné de résine pour former un composite étanche et résistant
© Quai West Composites

Une fois appliquée, la résine va ensuite durcir.  C’est ce composite fibre de verre + résine qui va donner à la planche de surf ses propriétés d’étanchéité et de solidité.  

Composition d’une planche de surf :

Historiquement les planches de surf étaient fabriquées en bois. Très lourdes et peu maniables, ces planches ont été remplacées dans les années 1950 par des matériaux plus performants issus de la pétrochimie.

C’est notamment Gordon Clark qui a démocratisé cette technologie avec la création de sa société Clark Foam.

Ces matériaux ont permis la fabrication de planches de surf beaucoup plus légères (et donc transportables) et maniables, ce qui a contribué à démocratiser la pratique du surf.

Les premières planches fabriquées en mousse polyuréthane (PU) et résine polyester sont alors nées !

On les appelle planches « polyester » en rapport avec le type de résine utilisé.

Quelques années plus tard, une autre technologie a vu le jour. Elle consiste à remplacer la mousse PU par une mousse en polystyrène expansé (EPS).

La résine polyester n’étant pas compatible avec le polystyrène, la résine utilisée pour ce type de planche en EPS est une résine époxy.

En toute logique on appelle ce type de planche, les planches « époxy ».

Ces deux technologies utilisent un tissu en fibre de verre pour l’étape de stratification.

Elles présentent des caractéristiques différentes en termes de performance et d’utilisation mais également sur le plan environnemental comme on pourra le voir un peu plus bas.

A lire aussi :

Fabrication d’une planche de surf : matériaux et étapes à suivre

Impact environnemental d’une planche de surf polyester ou époxy

Les matériaux :

La mousse PU (polyuréthane) :

Le polyuréthane c’est tout simplement du plastique issu de la pétrochimie. Sa fabrication nécessite d’extraire du pétrole et d’utiliser d’autres énergies fossiles pour le synthétiser.

Le plastique c’est fantastique : émissions de gaz à effet de serre, marées noires, micro-particules ingérées…

Le polyuréthane est composé majoritairement des molécules isocyanates, très volatiles et considérées comme nocives par inhalation. Les vapeurs dégagées contribuent également à la pollution atmosphérique.

Avant d’arriver dans l’atelier du shaper, le pain de mousse en PU a déjà relargué pas mal de saloperies dans l’atmosphère contribuant ainsi au réchauffement climatique mais également à la pollution chimique des milieux naturels.

La découpe et le façonnage de la mousse PU entraînent également des rejets toxiques pour la santé humaine. Tous les acteurs qui travaillent ce matériau doivent donc se protéger efficacement.

Cependant, une fois stratifiées, les planches polyester sont inertes et ne présentent pas de risque de toxicité pour le surfeur. 

Autre info non négligeable, les pains de mousse PU ne sont actuellement pas recyclables et finissent en décharge, en incinération ou dans la nature.

Certaines initiatives sont en cours de développement pour fabriquer des pains de mousse à partir de polyuréthane recyclé.

On n’a pas encore beaucoup d’infos mais dès qu’on en sait plus on te tiendra au jus…

La mousse EPS (polystyrène expansé) :

Mauvaise nouvelle, le polystyrène fait également partie de la grande famille des plastiques. Il est également issu de la pétrochimie et est obtenu par polymérisation du styrène.

D’un point de vue environnemental et sanitaire, la mousse EPS est considérée comme beaucoup moins nocive que la mousse PU.

La mousse EPS relargue moins de vapeurs nocives et la pollution qui lui est imputable est liée à l’extraction et la transformation du pétrole nécessaire à sa fabrication.  

L’autre principal avantage de la mousse EPS par rapport à la mousse PU c’est qu’elle est 100% recyclable.

Le polystyrène expansé est un matériau très utilisé comme emballage (électronique, alimentaire…) et les professionnels du déchet ont développé une filière de recyclage pour regénérer ce déchet en nouvelle matière première (polystyrène expansé ou extrudé).

collecte du polystyrène pour recyclage
La filière de collecte du polystyrène est un peu mieux organisée par chez nous mais le principe reste le même 🙂

Bien qu’il existe une filière de recyclage du polystyrène, il n’existe pas à ce jour de filière de recyclage des planches de surf en mousse EPS.

Pour recycler le noyau en mousse EPS, il faut passer par une étape de délamination permettant de séparer le pain de mousse de la stratification.

A ce jour, aucune technologie industrielle n’existe pour réaliser cette étape qui doit par conséquent être réalisée manuellement.

Des projets ont été initiés (comme le projet Resurf notamment) pour mettre en place cette filière de recyclage des surfs EPS mais ils n’ont malheureusement pas abouti faute de rentabilité.

Cependant les chutes de fabrication au niveau du fabricant des pains de mousse EPS sont recyclables et recyclées chez les principaux fournisseurs comme Marko Foam par exemple.

L’autre avantage environnemental des planches époxy par rapport aux planches polyester est la durabilité.

La plus grande solidité des planches époxy est principalement due à l’utilisation de résine époxy qui dispose de caractéristiques plus résistantes. Ces planches absorberont mieux les chocs et présenteront beaucoup moins d’enfoncements.

Il faut tout de même nuancer cet aspect durabilité car en cas de gros « pet », la planche époxy va présenter des faiblesses. La première est que la mousse EPS absorbe l’eau beaucoup plus vite que la mousse polyuréthane. Il faudra donc être rigoureux sur l’entretien et réparer le plus rapidement possible sa planche.

L’autre principale faiblesse est la difficulté de réparer les planches époxy. Là où il faudra environ 10 minutes pour réparer à l’arrache une planche en mousse PU, il faudra au minimum 24h voir 48h pour l’Epoxy (temps de séchage de la résine) et des conditions spécifiques (faible taux d’humidité notamment).

Les résines polyester et époxy :

Les résines polyester et époxy sont des résines thermodurcissables issues également de la pétrochimie. Ces deux types de résines diffèrent dans leur formulation et présentent des caractéristiques et des performances différentes.

D’un point de vue émissions de CO2, les deux types de résines sont relativement équivalentes.

Par contre la résine époxy est moins toxique que la résine polyester. Elle dégage beaucoup moins de composés organiques volatils (COV) et par conséquent, elle est nettement moins nocive pour la santé humaine.

La fibre de verre :

Le tissu en fibre de verre, comme son nom l’indique, est fabriqué à base de verre et plus particulièrement de dioxyde de silicium (SiO2).

tissu en fibre de verre
Tissu de fibre de verre utilisé pour la stratification

Le problème est que le process de fabrication de la fibre de verre est très gourmand en énergie et nécessite des températures de chauffe s’élevant jusqu’à 1500°C.

Planches polyester vs planches époxy :

Sur le plan environnemental, les planches époxy gagnent le match pour plusieurs raisons.

Le polystyrène expansé utilisé pour le noyau est recyclable. Cela signifie que les chutes de production peuvent être recyclées et qu’une seconde vie peut être donnée au noyau sous réserve de la mise en place d’une filière de valorisation des planches de surf.

Cela signifie également que la mousse EPS utilisée dans les planches de surf peut être fabriquée à partir de polystyrène recyclé comme on pourra le voir dans le chapitre ci-dessous qui présente les alternatives écologiques.

Les planches époxy dégagent également beaucoup moins de vapeurs nocives et de COV toxiques pour l’environnement et la santé humaine.

Et dernier avantage, toujours en faveur des planches époxy, la résine époxy classique peut être remplacée par une résine époxy bio sourcée qui intègre dans sa composition une part plus ou moins importante de composants d’origine végétale.

Ce point est également abordé dans le chapitre des alternatives écologiques.

Attention je vois d’ici venir les aficionados du pain de mousse PU… On se calme les gars (et les filles bien sûr), dans ce chapitre j’aborde uniquement l’angle écologique et non pas les performances techniques comme le flex ou la réactivité.

D’un point de vue performance et feeling, vous avez tout à fait le droit de préférer les planches polyester 🙂

Même si les planches époxy présentent un bilan environnemental moins mauvais que les planches polyester, aucune des deux solutions n’est satisfaisante d’un point de vue écologique.

De plus en plus de shapers et de marques de surf partagent ce constat et travaillent sur des alternatives plus écologiques.

C’est ce qu’on va voir plus bas…

Consommation électrique et transport

Les matériaux utilisés ne sont pas les seuls responsables de l’impact environnemental des planches de surf. Le process de fabrication implique également l’utilisation d’électricité notamment pour la découpe des pains de mousse.

découpe CNC des pains de mousse
Machine pour la découpe des pains de mousse

Certains fabricants de pains de mousse (comme US BLANKS) sont équipés de panneaux solaires pour alimenter tout ou partie de l’usine à partir d’énergie renouvelable.

Et pour finir sur cette notion d’impact environnemental, il faut bien évidemment prendre en compte le transport entre l’approvisionnement des matières premières vers le lieu de fabrication puis du lieu de fabrication jusqu’au point de vente.

Surfer une planche fabriquée en Asie ou aux Etats-Unis aura forcément plus d’impact que de faire fabriquer sa planche par un shaper local qui utilise des matériaux sourcés le plus localement possible.

La délocalisation de la fabrication et donc du savoir-faire en Asie soulève également une question éthique.

Il ne faut pas oublier que le shape, au-delà de l’artisanat, est un véritable art qui se transmet de génération en génération.

Shape en cours
Dessiner des lignes parfaites est un art

Quel est l’impact de cette industrialisation asiatique sur les shapers locaux et sur l’industrie locale ?

C’est un sujet complexe qui ne peut se résumer en quelques lignes. Si tu veux approfondir cette thématique, je te conseille de lire l’article « L’industrialisation du shape et le surf business » publié dans le magazine Immersion volume 2.

De notre point de vue, le bon sens nous rappelle quand même que rien ne sert de payer à notre board un voyage que nous-même n’allons pas réaliser.

Pourquoi faire venir sa planche d’Asie alors que le littoral français regorge de shaper très compétents ?

Certains répondront le prix… ce que je peux comprendre.

Si le prix est la raison qui pousse les surfeurs à acheter une planche fabriquée à l’autre bout de la planète, alors je conseille de regarder du côté de l’occasion. De très bonnes boards sont dispos à moindre prix et à moindre impact.

Les déchets :

La production de déchets est la face cachée de l’iceberg. On ne s’en rend pas forcément compte mais pour fabriquer une planche de surf d’environ 2,5kg, on génère 6kg de déchets soit 2,5 fois le poids de la board.

Et malheureusement pour une planche classique en mousse PU, ces déchets ne sont pas recyclés et ils finissent incinérés ou enfouis.

Analyse de cycle de vie d’une planche de surf polyester :

Pour bien appréhender l’impact d’une planche de surf, il est important de prendre de la hauteur et d’analyser les impacts tout au long de la vie du produit, des matières premières jusqu’à la fin de vie.

Et pour le faire on réalise une « Analyse de cycle de vie » (ACV) selon une méthode standardisée et rigoureuse qui permet de comparer les résultats quelle que soit la personne ayant réalisé l’ACV.

On a pas mal fouillé pour obtenir des chiffres à ce sujet. On a d’abord étudié le bilan carbone d’une planche de surf réalisé par l’association Sustainable Surf.

Ça nous a permis d’avoir une première tendance mais certains chiffres nous paraissaient un peu étrange. Nous les avons contacté et nous attendons quelques éclaircissements de leur part.

On a donc continué à fouiner et c’est en échangeant avec Pierre Pomiers de Notox que nous avons trouvé le plus d’information.

Ça fait maintenant 10 ans qu’il creuse le sujet des planches de surf éco-responsables de façon détaillée et scientifique. Son passage par la case ingénieur/docteur en robotique y est certainement pour quelque chose…

Bref, j’arrête de vous raconter ma life et voici les résultats de l’ACV pour une planche en mousse PU et résine polyester.

Dans ce paragraphe, je ne vais pas vous livrer le résultat brut car le chiffre seul ne vous donnera pas grand-chose. Je vais plutôt vous donner la répartition de cette ACV pour comprendre quels sont les principaux postes de pollution :

ACV planche de surf polyester
Répartition de l’impact d’une planche de surf polyester tout au long de sa vie (ACV)

Principales hypothèses prises pour la réalisation de cette ACV :

  • Planche de surf 7.0 (213 cm)
  • Durée d’utilisation de 5 ans
  • En moyenne 2 réparations par an
  • 4 couches de tissu de verre 125g/m²
  • 3kg de résine polyester
  • Fabrication en France mais avec des matières premières sourcées à 9000 km (Asie ou USA). Transport maritime jusqu’en France puis routier jusqu’à l’atelier de shape
  • Livraison au client final par transport routier (distance moyenne de 700km)

On peut donc voir que le choix des matières premières utilisées est primordial dans l’impact global de la planche.

Les 3 principaux postes de pollution sont la résine (56%), la mousse PU (17%) et le tissu de verre (8%).

La bonne nouvelle c’est qu’il existe des alternatives à ces matériaux et c’est ce que nous allons voir tout de suite…

Les planches de surf écologiques

On arrive au cœur du sujet et dans ce chapitre on va balayer ensemble les différentes solutions plus respectueuses de l’environnement pour fabriquer une planche de surf.

Cela passe bien évidemment par le choix des matières premières mais également les procédés de fabrication et le transport.

Des matériaux plus éco-friendly :

Pour remplacer les noyaux fabriqués à partir de polyuréthane, plusieurs alternatives ont été étudiées avec plus ou moins de perspectives de développement.

Le bois :

Et oui tout simplement… Surfer une planche shapée dans une matière naturelle comme le bois te permettra de revenir aux origines du surf et de te reconnecter avec la nature.

fabrication planche de surf en bois technique hollow
Fabrication d’une planche en bois selon la technique hollow
© Wikifab

Utiliser une board en bois te permettra de t’affranchir de la quasi-totalité des produits polluants et toxiques. Certains shapers artisanaux proposent même des planches qui sont huilées ou vernies évitant la consommation de résine et de fibre de verre.

Pour garantir un impact environnemental minimum, tu devras t’assurer de la provenance du bois. Il doit être sourcé localement et provenir d’une forêt gérée durablement.

A lire aussi :

GAWOOD : des planches de surf en bois éco-responsables

Mousse EPS recyclé

Bien que la fabrication des pains de mousse EPS émette du CO2, le polystyrène est recyclable. Même si la filière de recyclage des planches de surf n’est pas encore aboutie, il existe une filière de recyclage de l’EPS provenant d’autres sources.

Pour réduire l’impact de la fabrication des pains de mousses EPS, certains fabricants proposent d’intégrer une part d’EPS recyclé. Cette part représente en général 25% de la composition totale.

Ce pourcentage d’incorporation de matière recyclée n’est pas limité par des problématiques techniques mais par faute de quantité de matière recyclée disponible.

Si les volumes de collecte de polystyrène usagé augmentent, alors la part de recyclé dans la fabrication de nouveaux pains de mousse pourra également augmenter.

A lire aussi :

NOTOX : la marque de surf à l’ADN éco-responsable

PLA et PET recyclé :

PLA… C’est quoi ce truc ?

C’est un bio plastique issu de l’amidon de maïs.

Plus connu, le PET recyclé est tout simplement le plastique issu du recyclage des bouteilles en plastique.

Ces deux matières premières sont utilisées grâce à la technique d’impression 3D. Parmi les marques qui utilisent l’impression 3D, on retrouve Yuyo. Pour la fabrication de ses noyaux, la marque montpelliéraine a mis au point une composition mixte à base de PLA et de PET recyclé.

Du côté de la marque HEXA surfboard, l’approche vis-à-vis de ces matières premières est légèrement différente.  Pour alimenter l’imprimante 3D, la marque utilise actuellement uniquement du PLA. Cependant l’objectif annoncé est de remplacer dans un avenir proche le PLA par du PET recyclé.

planche de surf imprimée en 3D
© Hexasurfboard

L’impression 3D est une technologie qui semble prometteuse. Elle présente le gros avantage d’utiliser des matériaux recyclés ou bio sourcés et de ne pas (ou très peu) produire de déchets pour la fabrication du noyau. En contrepartie, le procédé de fabrication nécessite plus d’énergie.

technique d'impression 3D pour une planche de surf
Impression en cours… tu as le temps d’aller boire un café, il faut plusieurs dizaines d’heures pour imprimer tout le noyau
© Hexasurfboard

Comme pour les autres types de planche, cette technique nécessite également une étape de stratification qui implique l’utilisation de résine et de tissu.

Pour qu’une planche issue de cette technologie soit la plus vertueuse possible, les fabricants doivent donc appuyer leur démarche avec :

  • L’utilisation d’une source d’énergie d’origine renouvelable pour alimenter l’imprimante
  • Optimiser l’étape de stratification en limitant la quantité de résine et de tissu
  • Utiliser une résine bio sourcée et des tissus avec des fibres naturelles.

Une analyse de cycle de vie serait intéressante pour évaluer l’impact global de cette technologie.

Algues :

Les noyaux fabriqués à base d’huile d’algue sont issus de la collaboration entre le fabricant de pains de mousse américain Artic Foam et le Centre californien de la biotechnologie des algues de San Diego.

collaboration pour produire un pain de mousse à base d'algues
Collaboration pour produire un pain de mousse à base d’algues
© Artic Foam

Le principe est de reproduire le mécanisme naturel qui a donné naissance au pétrole.

Allez je suis sympa je vais t’éviter le petit détour par Wikipedia… Le pétrole est un combustible fossile qui s’est formé pendant plusieurs millions d’années à partir de la décomposition d’organismes marins vivants et donc d’algues pour partie.

Produire une huile à base d’algue permettrait donc de fabriquer des pains de mousse relativement proches des pains de mousse en PU issus de la pétrochimie.

Bien que cette alternative ne semble pas encore tout à fait aboutie, le travail de recherche et développement est toujours en cours et les premiers prototypes ne devraient plus tarder…

Cette solution technique soulève tout de même quelques questions, au niveau de la culture des algues, qui seraient génétiquement modifiées, ainsi qu’au niveau de la recyclabilité des chutes de production.

Planche de surf en carton

Bon, je te passe les jeux de mot du style « les planches de surf qui vont faire un carton » ou « le concept qui va cartonner »…

La fabrication d’une planche de surf en carton consiste tout simplement à remplacer le noyau en mousse PU ou EPS par du carton avec une structure en nid d’abeille.

Nid d'abeille
Pas connes ces abeilles…
planche de surf en carton
Et voilà ce que donne la version humaine
© konkarlab.bzh

L’idée vient du shaper californien Mike Sheldrake qui a réalisé les premiers prototypes. Depuis, la société néerlandaise Westkust a repris le concept et souhaite le démocratiser avec la vente de kit d’assemblage à monter soi-même.

Tous les plans sont en open source et chacun peut y accéder pour dessiner et fabriquer soi-même sa planche de surf en carton.

Si tu suis bien, tu te diras « sympa le concept, mais le carton dans la flotte ce n’est quand même pas l’idée du siècle ». Et tu as raison, une fois le carton assemblé, la planche passe par l’étape indispensable du glaçage.

Par contre attention en cas d’impact… Si l’eau s’infiltre à travers la couche de stratification et pénètre dans la structure cartonnée alors la planche est morte.

Et dans le même genre mais encore plus original, on a l’idée du jeune bordelais Marceau Pegon qui utilise le même concept mais à base de carton recyclé issu de rouleaux de PQ… A suivre !

A lire aussi :

Le surf en carton est-il une alternative sérieuse ?

Champignons :

De toutes les alternatives présentées dans cet article, celle-là est sans doute la plus originale. Fabriquer une planche de surf à partir de champignons… sérieux ?

Et oui c’est très sérieux. Bon bien sûr ici on ne parle pas d’un procédé qui consisterait à coller entre eux les beaux cèpes que tu vas chercher en famille une fois par an.

Non, le champignon en question c’est le mycélium. Le mycélium c’est la partie immergée de l’iceberg. C’est l’ensemble des filaments blancs que l’on retrouve dans le sol et qui constituent la partie végétative du champignon (en gros c’est la partie qui mange les nutriments présents dans le sol).

Le process de fabrication des pains de mousse en champignon a été inventé et développé par la société Ecovative. Il consiste à mélanger ce mycélium avec des déchets agricoles (paille, maïs,…) puis à placer l’ensemble dans un moule avec le shape souhaité.

Les champignons vont alors consommer les déchets agricoles et remplir au bout de quelques jours la totalité du moule.

Planche de surf à base de mycelium
Moule d’une planche rempli de mycelium et de déchets agricoles

Et pour stopper la croissance du champignon, on lui fait subir un bon coup de chaud et c’est réglé. Et voilà comment on fabrique un noyau de planche de surf à base de champignons.

D’un point de vue environnemental ce procédé semble très vertueux. Le process nécessite peu d’énergie, il consomme peu de ressources (déchets agricoles principalement) et est biodégradable.

Malheureusement, comme pour les algues le développement de cette alternative est encore au stade de la R&D. Le travail du vivant n’est pas une science exacte et standardiser la fabrication de planches à base de champignon ne semble pas être une mince affaire.

D’ailleurs la première planche champignon a vu le jour en 2015 et depuis les avancées restent très discrètes.

Cette technologie poserait également un problème au niveau du poids et ne serait pas suffisamment performante par rapport aux autres planches. D’autres applications ont été explorées avec notamment la fabrication de Handplanes ou de dérives.

Hnadplane à base de champignon
On va pas chipoter si ça fait quelques grammes de plus…
© Ecovative

Résine bio-sourcée

Comme on a pu le voir un peu plus haut, la résine est le principal polluant d’une planche de surf. L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) révèle que la résine polyester est responsable de plus de 50% de l’impact global d’une planche de surf classique.

Il est donc urgent de changer les pratiques d’autant plus qu’une alternative existe : c’est la résine époxy bio sourcée.

Cette résine plus écologique peut contenir jusqu’à 56% de carbone sourcé à partir de plantes et de matières végétales.

L’utilisation de ce type de résine pourrait réduire de 30 à 50% les émissions CO2 d’une planche.

Couplée à des techniques pour limiter la quantité de résine utilisée, comme la stratification sous vide, l’utilisation de résine bio sourcée permet de réduire considérablement l’impact d’une planche.

Fibre de lin

La fibre de lin est une fibre végétale qui offre un double avantage. C’est une fibre longue qui dispose de très bonnes propriétés mécaniques et elle est fabriquée à partir du lin qui est cultivé en France.

Grâce à ses propriétés mécaniques plus importantes (315 g/m²) que le tissu en fibre de verre (125 à 200 g/m²), le shaper peut réduire le nombre de couches utilisées. Une seule couche sur le pont et une sur la carène peuvent suffire au lieu des 3 ou 4 utilisées dans la fabrication classique.

Tissu en fibre de lin
Tissu en fibre de lin pour remplacer la fibre de verre

Fibre de basalte :

La fibre de basalte dispose de caractéristiques proches de la fibre de carbone et permet de renforcer la structure de la planche.

Cependant, son processus de fabrication nécessite de faire fondre la roche volcanique et demande beaucoup d’énergie.

Son avantage écologique reste donc très discutable.

Liège :

Le liège est une matière naturelle puisée dans l’écorce de l’arbre chêne-liège.

La société Notox utilise dans la fabrication de ses planches de surf (gamme Korko) des feuilles de liège issues des chutes récupérées lors de la fabrication des bouchons.

Grâce à leur propriété imperméable et anti-dérapante, ces feuilles de liège plaquées sur le pont et la carène permettent de réduire significativement la quantité de résine utilisée ainsi que la Wax.

Cette finition liège renforce également la solidité de la planche pour une durée de vie maximale.

Planches notox liège et lin
Planches Notox : feuilles de liège à gauche et fibre de lin à droite

Déchets

Une planche de surf classique (mousse PU + fibre de verre + résine polyester) qui pèse 2,5 kg génère environ 6 kg de déchets non recyclés.

Certaines techniques (impression 3D, stratification sous vide) et matériaux (fibre de lin, mousse EPS, liège) permettent de réduire la quantité de déchets produits et d’améliorer leur taux de recyclabilité.

ACV d’une planche de surf écologique

Lorsqu’un shaper cumule plusieurs alternatives existantes cela permet de réduire significativement l’impact de la planche. Ok mais de combien ?

Une fois de plus pour être rigoureux dans l’approche, il faut se référer à des outils et méthodes standardisés comme l’ACV.

Si on analyse le cycle de vie d’une planche qui utilise un pain de mousse EPS recyclé, de la résine époxy bio sourcée, une méthode de stratification sous vide et du liège pour limiter la quantité de résine tout en augmentant la solidité de la planche alors on obtient un gain de 45% sur l’impact global.

En utilisant les alternatives écologiques déjà existantes, il est donc possible de réduire de presque de moitié l’impact d’une planche de surf sur l’ensemble de son cycle de vie.

C’est déjà un bon début…

Le label ECOBOARD project

Le projet ECOBOARD est un projet de label développé par l’association sustainable surf. Cet organisme à but non lucratif basé en Californie a été fondé en 2011 pour inciter et inspirer, à travers l’esprit du surf, les gens à adopter un mode de vie plus durable.

L’objectif du projet ECOBOARD est de réduire l’empreinte carbone liée à la fabrication d’une planche de surf et par la même occasion aider les surfers à acheter une planche de surf plus eco friendly.

Depuis le lancement du projet en 2012, plus de 200 000 planches (surf, kite, Sup et windsurf) ont été fabriquées selon le cahier des charges du label.

Plus de 200 marques de surf et shaper proposent désormais des planches estampillées ECOBOARD.

Le projet ECOBOARD propose deux niveaux de certification : level ONE et level Gold

ECOBOARD level ONE :

Pour atteindre ce niveau de certification, la planche de surf doit :

  • Utiliser dans sa construction au moins un matériau certifié par le label :
    • résine bio sourcée avec au moins 19% de carbone végétal
    • Noyau contenant au moins 25% de matières recyclées ou à base végétale, ou de bois constituant au moins 50% du poids de la planche
  • Être fabriquée par un constructeur approuvé ECOBOARD

ECOBOARD level GOLD :

Ce niveau est le plus exigeant et pour l’atteindre, la planche de surf doit :

  • Utiliser dans sa construction au moins un matériau certifié GOLD et un matériau certifié ONE ou GOLD. Les matériaux certifiés GOLD doivent répondre aux exigences suivantes :
    • Avoir fait l’objet d’une Analyse de Cycle de Vie (ACV) réalisée par un organisme indépendant.
    • Pour la résine bio sourcée, elle doit contenir au moins 25% de carbone végétal
    • Démontrer que les matières premières des matériaux utilisés proviennent d’une chaîne d’approvisionnement gérée de manière durable
  • Être fabriquée dans une installation validée pour produire des ECOBOARDS level GOLD

A notre connaissance, il existe trois marques de surf en France qui sont certifiées par le label ECOBOARD : Notox, Vince Surfboards et Nomads Surfing (marque française qui travaille avec un shaper localisé au Portugal).

Attention cela ne veut pas dire que ce sont les trois seuls fabricants français à proposer des planches de surf éco-responsables. Il existe plein d’autres shapers qui prônent les mêmes valeurs et qui fabriquent des boards très respectueuses de l’environnement.

Pour les découvrir, tu peux te rendre sur notre annuaire.

Pour savoir si la planche que tu as sous les yeux est certifiée ECOBOARD, regarde si un des logos suivants est représenté dessus :

Logo label ECOBOARD project
Ne t’attends pas à avoir de l’or dans ta planche non plus…

Où trouver des planches de surf écologiques

En fonction de ton niveau et de ta pratique, différentes options s’offrent à toi pour réduire au maximum ton impact.

Si tu es débutant ou de niveau intermédiaire, je te conseille de te tourner vers le marché de l’occasion. Une multitude de planches sont en vente d’occasion et cela te permettra de tester plusieurs shape et ainsi affiner tes exigences.

Le mieux serait de faire la tournée des surfshop proches de chez toi. En plus de voir et toucher les planches, ça te permettra d’échanger avec les vendeurs et de bénéficier de leurs précieux conseils.

Si ce n’est pas possible, tu peux également te tourner vers des sites internet spécialisés dans la vente de planches de surf d’occasion comme Akewatu.

Et si le marché de l’occasion ne te tente pas du tout, alors je te conseille de prendre contact avec le shaper éco-responsable le plus proche de chez toi. Il te conseillera également sur le shape à privilégier en fonction de ton niveau et de ta pratique.

Pour connaitre la liste des shapers éco-responsable, tu peux consulter notre annuaire de la glisse éco-responsable.

Et pour finir un dernier conseil de bon sens…

La planche la plus écologique restera la planche qui aura la plus grande durée de vie.

Donc ne te précipite pas sur la première bouse venue, ne te focalise pas sur les planches ultra légères qui cassent dès la première série et privilégie une board solide, fabriquée par un artisan qualifié et si possible avec des matériaux éco-friendly !


Comme on a pu le voir dans cet article, la planche de surf écologique n’est pas un mythe.

Il existe de nombreuses alternatives qui permettent de réduire significativement son impact.

Ok ce n’est pas parfait et l’impact n’est pas réduit à zéro (ce qui est d’ailleurs quasiment impossible à partir du moment où on fabrique un nouvel objet), mais des solutions existent.

Et la bonne nouvelle c’est que ces solutions sont déjà commercialisées et peuvent être appliquées dès maintenant.

Alors vas-y fonce… (et “oublie que tu n’as aucune chance”) et pour ta prochaine planche, pense à acheter d’occasion ou à privilégier du neuf éco-friendly (bois local, polystyrène recyclé, résine bio sourcée et fibre naturelles…)

A bientôt sur l’eau et en attendant n’oublie pas de t’inscrire à notre newsletter pour rester informé de toutes les alternatives éco-responsables de la glisse.


Si cet article t’a plu et que tu veux le garder auprès de toi, le meilleur moyen est de télécharger notre dossier pdf gratuit :

Bouton vers page téléchargement guide fabrication planche de surf

8 Commentaires sur “Planches de surf écologiques : mythe ou réalité ?

  1. Matthieu says:

    Bonjour, cet article est très intéressant et je vais peut-être devoir revoir ma préférence pour le PU. Y a-t-il des évolutions depuis l’article ? J’ai entendu parler il y a quelques mois d’un entreprise du Morbihan prête à commercialiser des panches en alu mais peu d’info depuis…

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